Dans un contexte de crise grandissante, le Collectif des Anciens Maires Intérimaires d’Haïti (CAMIH) a adressé, le 6 novembre 2024, une lettre ouverte au Premier Ministre Garry Conille. Cette correspondance fait écho aux nombreuses préoccupations liées à la situation alarmante du pays. Près de quatre mois après son accession au poste, le CAMIH accuse le chef du gouvernement de n’avoir pas tenu ses engagements initiaux et de laisser le pays s’enfoncer dans une spirale d’insécurité et de conflits institutionnels.
Le CAMIH déplore la situation sécuritaire critique, marquée par l’emprise croissante des gangs armés sur de vastes zones du pays. Alors que le Premier Ministre avait promis de lancer un "vaste chantier sécuritaire" pour reconquérir les zones dites "territoires perdus", le collectif estime que cette promesse n’a pas été honorée. Non seulement les zones sous contrôle des groupes armés ne se sont pas réduites, mais elles se sont au contraire étendues, étouffant encore davantage la mobilité et la sécurité des citoyens.
Un événement particulièrement marquant et tragique a été le massacre de Pont-Sondé, perpétré par le groupe armé « Gran grif » de Savien le 3 octobre dernier. Cet acte barbare, dénoncé par le CAMIH comme un symbole de la violence inouïe qui sévit actuellement dans le pays, illustre à quel point les promesses de sécurisation tardent à se concrétiser.
Au-delà de la question sécuritaire, le CAMIH s’inquiète de l’instabilité politique persistante, alimentée par une relation tendue entre la Primature et le Conseil présidentiel de Transition (CPT). Ce dernier, en tant qu’organe de nomination du gouvernement, entretient un lien direct avec le cabinet du Premier Ministre, d’autant plus crucial en l’absence d’un Parlement fonctionnel. Le CAMIH exhorte donc le chef du gouvernement à rétablir des relations solides et harmonieuses entre ces deux branches exécutives, une condition nécessaire pour instaurer une gouvernance apaisée et répondant aux aspirations du peuple.
Dans un ultime appel, le CAMIH presse le Premier Ministre Conille de répondre aux revendications prioritaires du peuple haïtien, notamment en matière de sécurité. Le collectif laisse entendre que si les attentes populaires continuent d’être ignorées, il serait plus judicieux pour le Premier Ministre de céder sa place, ouvrant la voie à un nouveau cabinet apte à répondre aux besoins urgents de la nation.
« Si les attentes du peuple ne sont pas satisfaites, nous vous encourageons à en tirer les conséquences et, le cas échéant, à présenter votre démission », conclut le CAMIH.