Un scandale financier secoue le Fonds National de l’Éducation (FNE) en Haïti, avec des accusations de corruption liées à l’achat de matériel scolaire pour l’année académique 2024-2025. Selon les déclarations de Jean Ronald Joseph, directeur général du FNE, l’institution a déboursé la somme astronomique de 346 millions de gourdes pour acquérir 13 000 bancs destinés aux écoles publiques. Ce coût, équivalant à 26 615 gourdes par banc, suscite de vives interrogations et critiques, tant au sein du gouvernement que dans l’opinion publique.
Le montant investi dans cette acquisition soulève des questions sur la gestion des fonds publics au sein du FNE. En effet, alors que l’éducation reste un secteur sous-financé en Haïti, un tel investissement paraît disproportionné et suscite des doutes quant à la transparence des opérations de l’institution. La déclaration du ministre de l’Éducation Nationale, Antoine Augustin, vient renforcer ces suspicions. Ce dernier a affirmé qu’aucune procédure de passation de marché n’a été lancée pour l’achat de ces bancs depuis sa prise de fonction, ce qui laisse planer un sérieux doute sur la légalité et la régularité de cet achat.
Une demande d’audit pour faire la lumière Face aux préoccupations grandissantes, le ministre Augustin a adressé une correspondance à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) en date du 9 octobre 2024, demandant un audit financier rigoureux de la gestion de Jean Ronald Joseph au sein du FNE. Cette initiative vise à faire toute la lumière sur l’utilisation des fonds publics et à déterminer les éventuelles responsabilités dans cette affaire qui risque de ternir davantage l’image de l’institution chargée de promouvoir l’accès à l’éducation en Haïti.
Ce nouveau scandale met en lumière des failles profondes dans la gouvernance des institutions publiques haïtiennes. En l’absence de mécanismes de contrôle efficaces et de transparence, de telles dérives sont récurrentes et compromettent les efforts pour améliorer le système éducatif haïtien. Ce cas symbolise également les difficultés auxquelles sont confrontées les autorités pour assurer une gestion saine et efficace des ressources destinées aux projets de développement du pays.
Le lancement d’un audit pourrait être le premier pas vers une révision des pratiques au sein du FNE, et potentiellement la mise en place de réformes nécessaires pour garantir une meilleure utilisation des fonds de l’État. Cependant, de nombreux observateurs s’interrogent sur la capacité de la justice haïtienne à mener à bien cette enquête en toute indépendance et sans interférences.
L’affaire du FNE illustre une fois de plus les défis de transparence auxquels sont confrontées les institutions haïtiennes. Le pays, déjà en proie à de graves crises économiques et sécuritaires, doit plus que jamais renforcer ses mécanismes de contrôle pour éviter que de tels scandales ne sapent les efforts de développement et d’accès à une éducation de qualité pour tous. La société civile et les partenaires internationaux suivent de près cette affaire, espérant que des mesures concrètes seront prises pour prévenir de futurs abus et restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.